John Amos, acteur, scénariste, dramaturge, et nommé aux Emmy Awards, connu pour son rôle mythique de James Evans, père de famille dans Good Times, nous a quittés le 21 août à l’âge de 84 ans.
C’est son fils K.C. Amos qui a annoncé la nouvelle le 1er octobre : « C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce que mon père s’est éteint. C’était un homme d’une grande gentillesse, au cÅ“ur d’or… et il était aimé dans le monde entier. De nombreux fans le considèrent comme leur père télévisuel. Il a vécu une belle vie. Son héritage se perpétuera à travers ses Å“uvres exceptionnelles en tant qu’acteur à la télévision et au cinéma. »
John Amos est né le 27 décembre 1939 à Newark, dans le New Jersey. Diplômé en sociologie, il commence par une carrière dans le football américain avant de découvrir le métier d’acteur. Il joue pour Long Beach City College et la Colorado State University avant de signer en 1964 chez les Broncos de Denver. Malheureusement, une blessure l’empêche de montrer l’étendue de ses talents.
Il passe ensuite par plusieurs petites équipes avant de revenir en 1967 chez les Kansas City Chiefs, un deuxième échec qui révèle en lui un talent de performeur. En effet, il récite à ses coéquipiers un poème de sa composition sur les rêves brisés. Le futur acteur reçoit une standing ovation. « Dieu n’arrêtait pas de me dire : ‘Je ne veux pas que tu joues au football’. La direction que je recevais d’en haut était d’être un artiste, un écrivain, quelque chose que j’avais toujours fait et qui m’était facile. », raconte-t-il.
John Amos avait déjà , en tant qu’enfant, rêvé de jouer, lorsqu’il s’était retrouvé avec un ami à l’enregistrement radio de The Archie Show, mettant en vedette les personnages Archie Comics. Il arrivera cependant à lier ses deux passions en fin de carrière et revenir à l’univers du football américain grâce à la série Ballers (2015 – 2019) de Dwayne Johnson. Il y incarne un ancien joueur souffrant de multiples séquelles physiques.
Sa carrière sur les écrans commence en 1970 avec le rôle du présentateur météo Gordon ‘Gordy’ Howard dans la sitcom The Mary Tyler Moore Show. L’histoire se centre sur Mary Richards (Mary Tyler Moore), qui déménage à Minneapolis et trouve un travail après une rupture.
Sa présence chaleureuse le mène à obtenir son personnage le plus célèbre, James Evans, dans Good Times (1974-1979), un spin-off de Maude et All in the Family, deux séries du producteur Norman Lear. Good Times suit les parents Evans, qui vivent dans un quartier défavorisé de Chicago et font tout pour offrir à leurs trois enfants un meilleur avenir.
L’œuvre est historique. C’est la première sitcom à suivre une famille africaine-américaine. Cela donnera même lieu à une adaptation britannique intitulée The Fosters (1976). « Cette série représentait de la manière la plus réaliste possible la vie d’une famille afro-américaine dans ces conditions », déclare-t-il au Times Magazine.
Malheureusement, cela se termine sur une note amère pour l’acteur. Il désapprouvait les stéréotypes utilisés dans les arcs dédiés à l’aîné de la famille, J.J. (Jimmy Walker). Il n’a pas hésité à exprimer ses frustrations, menant à la mort de son personnage dans un accident de voiture au début de la saison 4.
« Je trouvais qu’on mettait trop l’accent sur J.J. avec son chapeau en forme de poulet, qui disait ‘Dy-no-mite !’ toutes les trois pages. », révèle l’intéressé au cours d’une interview. « Je pensais qu’on aurait pu mettre autant d’emphase sur mes deux autres enfants, dont l’un aspirait à devenir juge à la Cour Suprême (Ralph Carter) et l’autre (BernNadette Stanis) à devenir chirurgien. »
« Mais je n’étais pas le plus diplomate à l’époque, et [les producteurs de l’émission] en avaient assez de se faire menacer pour des blagues. Ils se sont donc dit : ‘Pourquoi ne pas le tuer ?’ » Si ce remerciement est douloureux, l’acteur garde un souvenir positif de son travail. Il se remémore avec émotion les fans de différents pays venant lui avouer : « Vous êtes le père que je n’ai jamais eu. »
John Amos rebondit en 1977 avec la série Racines. L’œuvre est adaptée du roman Roots : The Saga of an American Family d’Alex Haley, qui relate l’histoire de l’esclave Kunta Kinté. L’acteur l’incarne à l’âge adulte et obtient pour cela une nomination aux Emmy Awards.
Il décrochera d’autres rôles marquants à la télévision, notamment dans Le Prince de Bel-Air où il joue le beau-père de Will Smith, dans Washington Police, Men in Trees : Leçons de séduction ou encore The Ranch chez Netflix.
Au cinéma, il profitera aussi d’une belle carrière, participant à des classiques tels que Un Prince à New York (1988, et sa suite en 2021) avec Eddie Murphy, ou 58 Minutes Pour Vivre (1990) avec Bruce Willis.
Ses autres films incluent Let’s Do It Again (1975) avec Sydney Poitier, Haute Sécurité (1989) avec Sylvester Stallone, Ricochet (1991) avec Denzel Washington, The Players Club (1998) d’Ice Cube ou encore Me Time (2022) aux côtés de Kevin Hart et Mark Wahlberg. Sa dernière apparition se fera dans le spin-off de la série télévisée Suits, Suits : LA.
Pour reprendre les mots de l’acteuer et danseur américain Ben Vereen, ayant aussi travaillé sur la série Racines : « John voudrait que l’on se souvienne surtout de son travail et de son action humanitaire. » Et c’est exactement pour cela que John Amos restera dans les mémoires comme un performeur protéiforme, dont la carrière aura eu une réelle influence sur la représentation des Africains-Américains à l’écran.
Florian Boulland
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