Synopsis : Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

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Le Comte de Monte-Cristo - affiche

Le Comte de Monte-Cristo – affiche

En 2023, Pathé se lançait dans une vaste et ambitieuse opération, mettre sur pied une toute nouvelle génération de blockbusters à la française, adaptée de grands classiques littéraires. L’opération s’était d’abord concrétisée sous la forme d’un diptyque consacré aux Trois Mousquetaires. Deux films de cape et d’épée tournés à la suite, à l’ambition démesurée, mais au résultat plutôt mitigé. Lancée en production avant même le tournage des Trois Mousquetaires, la nouvelle adaptation du Comte de Monte-Cristo avait dès lors une pression certaine sur les épaules, d’autant plus que les deux projets partagent une grande partie de leurs équipes créatives. Mais là où le résultait laissait à désirer sur le précédent diptyque, cette nouvelle adaptation d’Alexandre Dumas s’impose comme une franche réussite. Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, auteurs du scénario des Trois Mousquetaires, héritent ici du poste de réalisateur en plus de celui de scénariste. Un changement salutaire, tant cette adaptation s’avère à tous niveaux plus abouti que la précédente. Évitant les plans-séquences qui plombaient les moments d’action des Trois Mousquetaires, les réalisateurs adoptent une mise en scène moins démonstrative mais plus efficace. Au détour d’une scène d’évasion au suspense finement orchestré ou d’un guet-apens nocturne tendu, le montage ciselé et efficace fait des merveilles. Toutes les tentatives ne sont pas aussi payantes, le climax manquant par exemple d’efficacité, mais le pari reste largement tenu, d’autant plus que l’écriture du duo se révèle parfaitement à la hauteur.

 

Pierre Niney Anais Demoustier et Vassili Schneider

Pierre Niney, Anaïs Demoustier et Vassili Schneider – Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière / Crédits photo Pathé Films

 

À la vision du film, on se surprend à s’émerveiller devant l’art du récit visionnaire d’Alexandre Dumas. L’importance colossale de Monte-Cristo sur la culture contemporaine saute aux yeux, rappelant que des personnages comme Batman ou The Crow s’inspirent directement du célèbre héros français. Face à une histoire aussi intemporelle, l’intelligence des réalisateurs et scénaristes, c’est aussi de savoir rester fidèle aux écrits de Dumas et de ne pas chercher à en modifier la substantifique moelle. Avec humilité, Delaporte et de La Patelière condensent les presque 2 000 pages du récit originel en un scénario limpide au rythme sans faille. Si certains choix de scénarios peuvent être discutables, notamment dans les liens entre Edmond et ses bourreaux, plus manichéens et bien moins cruels que chez Alexandre Dumas, la plupart servent surtout à resserrer le récit et à le rendre plus digeste pour le spectateur profane.

 

Plusieurs personnages sont ainsi combinés en un seul et certaines sous-intrigues sont laissées de côté, toujours dans le seul but d’obtenir une histoire fluide et prenante, fidèle à l’esprit de l’auteur. Tous les grands passages ne sont pas aussi réussis et le scénario pèche quelque peu sur la gestion du temps, notamment lors de l’emprisonnement de Dantès qui aurait sans doute gagné à être un peu étiré. Mais ces scories restent anecdotiques, tant le rythme et l’efficacité semblent ici être les maîtres-mots.

 

Autre élément indispensable à la réussite de cette adaptation, réunir une distribution à la hauteur de la galerie de personnages romanesques autour desquels s’articule le récit. Sur ce point, à nouveau, la réussite est au rendez-vous. Pièce maîtresse d’une distribution cinq étoiles, Pierre Niney impressionne et rappelle aux mémoires courtes qu’il avait débuté sa carrière au sein de la troupe de la très sélective Comédie-Française. Loin du registre comique qui l’a vu briller ces dernières années, l’acteur incarne parfaitement chaque facette de la figure complexe de Monte-Cristo. Si le scénario atténue l’aspect noir, voire monstrueux du comte, Niney par son regard et sa gestuelle, parvient à lui conférer une aura de personnage mythologique, sorte d’ange de la vengeance macabre vivant que pour assouvir sa revanche.

 

Pierre Niney - Le Comte de Monte-Cristo

Pierre Niney – Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière / Crédits photo Pathé Films

 

En parallèle, Monte-Cristo apparaît sous les traits de l’acteur comme une figure tragique et romantique. Car cette adaptation remet au cœur de l’intrigue le couple maudit formé par Edmond et Mercedes et fait de cet amour meurtri la motivation première du comte. Face à Pierre Niney, Anaïs Demoustier confirme une nouvelle fois qu’elle est l’une des actrices françaises les plus talentueuses de sa génération. Le couple de comédiens incarne ainsi pleinement chaque dialogue et chaque instant de silence, leur conférant une grande émotion.

 

Émotion également retransmise par la partition du compositeur et multi-instrumentiste Jérome Rebotier. Collaborateur régulier du duo Delaporte et de La Patelière, œuvrant autant dans la comédie que dans le documentaire, Rebotier déploie ici un talent symphonique certain. Le travail d’orchestration effectué instaure ainsi une ampleur tantôt épique, tantôt lyrique, qui sied parfaitement au film et à toutes ses facettes.

 

Le Comte de Monte-Cristo apparaît ainsi comme une réussite enthousiasmante, qui parvient à réinsuffler un peu de cœur et d’ambition au film à grand spectacle français. La voie est maintenant ouverte. Espérons que les films, qui se glisseront dans le sillage de ce succès, seront à la hauteur de leur ainé.

 

Timothée Giret

 

 

 

  • LE COMTE DE MONTE-CRISTO
  • Diffusion : depuis le 28 juin 2024
  • Réalisation : Matthieu Delaporte, Alexandre de La Patellière
  • Avec : Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Bastien Bouillon, Laurent Laffite, Patrick Mile, Vassili Schneider, Anamaria Vartolomei, Julien de Saint Jean, Julie de Bona, Adèle Simphal, Stéphane Varupenne, Pierfrancesco Favino…
  • Scénario : Matthieu Delaporte, Alexandre de La Patellière
  • Production : Dimitri Rassam
  • Photographie : Nicolas Bolduc
  • Montage : Célia Lafitedupont
  • Décors : Stéphane Taillasson
  • Costumes : Thierry Delettre
  • Musique : Jérôme Rebotier
  • Distribution : Pathé Films
  • Durée : 2 h 58

 

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1 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 592 184 8 6 876 473
2 ALIEN : ROMULUS 477 983 1 477 983
3 DEADPOOL & WOLVERINE 449 762 4 2 970 596
4 JAMAIS PLUS - IT ENDS WITH US 323 389 1 323 389
5 MOI, MOCHE ET MECHANT 4 298 515 6 3 825 297
6 TRAP 245 614 2 569 083
7 VICE-VERSA 2 232 978 9 8 012 095
8 UN P'TIT TRUC EN PLUS 204 626 16 8 388 607
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