Après Darren Aronofsky, Andy Garcia, David Siegel, Edward Burns ou encore Charlie Kaufman, c’est au tour de Terry Gilliam de parler de son travail et de se plier au jeu des questions des personnes présentes. Compte-rendu.

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Après l’hommage rendu lors de la soirée d’ouverture de la 36ème édition du festival de Deauville avec la projection de son oeuvre culte, Brazil – Director’s cut, Terry Gilliam est venu évoquer ce dimanche 5 septembre, son parcours et sa vision du monde avec ses frustrations, qui l’ont conduit à construire une œuvre fantaisiste, surréaliste, drolatique et hors norme… Ce rendez-vous illustré par des extraits de films, de Tideland à Brazil en passant par The Crimson Permanent Assurance, prologue du long-métrage du Sens de la vie, a permis le temps d’une heure de découvrir un peu plus l’homme devenu une référence de la pop culture.

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Ses sources d’inspiration

Terry Gilliam – illustrateur, scénariste, producteur, réalisateur et cocréateur des Monty Python – puise ses références à différentes étapes de sa vie, de Walt Disney au travers de Pinocchio à Les sentiers de la gloire de Kubrick en passant par Bunuel, Bergman, Fellini, Kurosawa… Grâce à eux, Gilliam dit avoir transformé et recyclé tout ce qu’il a pu voir et entendre et ainsi pu « faire des sauts qualitatifs » au travers de son œuvre filmique. La nouvelle génération de réalisateurs qui l’a suivi et qui le suit, s’inspirera à son tour de son œuvre.

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Tideland ou sa part d’enfant

Avec l’adaptation à l’écran de Tideland, sortie en 2005, tirée du roman de Mitch Cullin, Gilliam dit avoir retrouvé sa part d’enfant en se plongeant dans la peau d’une petite fille afin de ressentir ce qu’elle peut vivre. Il s’est particulièrement intéressé à « l’innocence de l’enfance dans son approche et dans les épreuves auxquelles elle est soumise pour dépasser des épisodes difficiles et douloureux. Le plus difficile à réaliser était de réveiller chez le spectateur des sentiments profonds, des colères enfouies chaque fois que l’enfant traversait ces événements ». Sans trop savoir définir s’il est enfantin ou puéril, Terry Gilliam, 69 ans, a cette volonté et ambition constantes de vouloir comprendre le monde dans lequel il évolue pour savoir ce qui peut être changé. Il explique que le rôle du rêve n’est pas d’être une échappatoire aux horreurs de la vie mais de les transformer pour les rendre supportables.

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Tideland, séquence commentée (voir extrait ci-dessous)

Terry Gilliam indique que la scène où tout flotte dans une pièce remplie d’eau a été réalisée au dernier moment et en une journée car c’était hors budget. Le décor était déjà installé avec des éléments suspendus par des fils que les équipes tiraient en même temps que le vent soufflait. Il explique que la composition de l’image n’a pas été fabriquée par ordinateur mais à vue d’œil pour mieux appréhender le déplacement de la jeune fille dans cet espace. Tournée en 76 ou en 96 images et en jouant sur le rythme accéléré, Gilliam obtient cette impression de flottement. La jeune actrice jouait devant un écran vert, soulevée par deux hommes costauds pour rendre cet effet, et devait également parler de manière très rapide. Jodelle Ferland a réussi l’exploit de produire un rythme 4 fois supérieur à la normale.

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Son point de vue sur l’animation et la 3D

Depuis ses débuts en tant qu’illustrateur dans un studio d’animation, Terry Gilliam a souvent eu recours aux images de synthèse, comme notamment dans L’armée des douze singes en 1995. « La technologie avance et ce sont des outils. Mais le problème des images de synthèse est que tout devient crédible. » précise le cinéaste « La question de la surprise et de l’émerveillement ne se pose plus. Il devient complètement banal aujourd’hui de voir des personnages se jeter du haut d’un immeuble. Ces films, censés évoquer le réel, sont devenus des Tom & Jerry, excepté qu’il ne s’agit plus d’un chat et d’une souris, mais d’êtres humains ». Pour Gilliam, la 3D n’a d’autre but que de faire acheter des nouveaux postes de télévisions. L’enjeu a d’abord été de vendre des écrans plasma, puis des écrans HD et maintenant des écrans 3D. De toute évidence ce phénomène va se poursuivre dans le cinéma. Et pour lui, on ne gagnera pas forcément en créativité. Autre point évoqué par le cinéaste, son intérêt particulier pour Pixar. Toujours en alerte lors des projections en avant-première d’un dessin animé à Londres, il vient saluer le public et évoquer aux journalistes son envie  de collaborer sur un projet avec ces équipes talentueuses. Mais qu’attendent les studios Pixar ?

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Sa vision de la direction d’acteurs

L’expérience lui a enseigné qu’il est inutile de dominer ou de diriger ses acteurs. Il est plus avantageux de les choisir d’abord très soigneusement ; il suffit de trouver la bonne personne pour que le reste se fasse tout seul. De plus, il aime camoufler ou maquiller ses acteurs : Robert de Niro dissimulé sous une cagoule dans Brazil ou encore Brad Pitt dans L’armée des douze singes. L’acteur a lui-même eu l’idée de porter cette lentille qui lui donne ce regard légèrement déviant. Gilliam dit être arrivé au bon moment dans la carrière de Brad Pitt qui voulait échapper au côté beau gosse à la chevelure blonde de Légendes d’Automne. Idem pour Las Vegas Parano. Johnny Depp et Terry Gilliam souhaitaient rester très proches du livre. L’acteur savait que le personnage n’avait que 14 cheveux sur le crâne. Une amie de Giliiam l’a « félicité » pour avoir réussi à réaliser un film dans lequel Johnny Depp est unfuckable.

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Deuxième extrait projeté : Brazil avec Jonathan Pryce et Robert de Niro

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Et si les Monty Python étaient créés aujourd’hui…

Si le premier volet des Monty Python a pu sortir, c’est grâce à certains amis célèbres de la future équipe. Led Zeppelin et Elton John au sommet de leur art, qui gagnaient à l’époque énormément d’argent et de ce fait étaient imposables à hauteur de 90%, ont préféré investir dans Le Sacré Graal plutôt que de verser ces sommes à l’état. Aujourd’hui, Gilliam pense qu’il serait tout à fait possible de recréer les Monty Python, mais ce serait à la manière de South Park, dont les créateurs se considèrent eux-mêmes comme les fils illégitimes de Terry Gilliam…

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The Crimson Permanent Assurance (16mn)

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