Synopsis : Dans un avenir proche, au cœur d’une forêt du Nord où règne l’anarchie, la jeune Hawa et son père survivent, comme beaucoup de réfugiés. C’est lors d’un vol de vivres que la vie de Hawa bascule. Elle perd ce qu’elle a de plus cher et s’engage dans un périple pour retrouver les voleurs jusqu’à la lisière de cette forêt.
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Elégant et efficace, La Lisière, troisième court métrage de Simon Saulnier, s’impose comme une réussite. Une réussite pleine de promesse, puisque ce jeune réalisateur français, âgé de 28 ans, travaille actuellement sur le développement d’une série… située dans l’univers post-apocalyptique de La Lisière. Après avoir écumé de nombreux festivals aux quatre coins du monde (Hollyshorts, New York Independent Film Festival, Sitges,…), le film a été proposé sur internet pendant une semaine, celle du 16 janvier 2017, histoire de faire grimper la cote d’un buzz amplement mérité. Les cinq premières minutes sont d’une limpidité artistique exemplaire : de l’exposition des personnages dans ce décor intrigant filmé en lumière naturelle, aux mouvements de caméra précis et pertinents, jusqu’à la musique enivrante du compositeur Alex Cortès (Martyrs). En outre, la fameuse lisière scrutée se révèle être un personnage à part entière. Tantôt accueillante, tantôt menaçante, elle accompagne symboliquement les états d’âme et les gestes des protagonistes interprétés par Ouidad Elma (Hawa) et Saïd Amadis. Avec une mention spéciale pour Elma qui démontre un répertoire de jeu impeccable tant dans le registre de l’effort physique que dans la restitution d’émotions. Caché derrière l’allure de The Road et The Revenant, tout en étant nettement moins temporellement déterminé, La Lisière soulève de nombreuses questions qui naissent des agissement des survivants, élevant les bases du récit vers un autre niveau de lecture. À l’image d’une fable qui mêlerait à la fois la fatalité de la vie (la destruction annoncée de notre environnement) et la prise en charge de son existence (la quête menée sous le coup d’une pulsion passionnelle). Hawa ne se prive jamais, par exemple, de tuer car elle sait qu’elle n’a d’autres options pour survivre. Cette prise de position permet au réalisateur français de ne jamais sublimer les scènes de meurtres pour se focaliser astucieusement sur la beauté de son environnement et de l’atmosphère. Le seul hic réside peut-être dans la décision de s’engager dans une voie narrative trop sécurisée – par crainte sans doute de se fourvoyer dans une histoire trop complexe. Il n’en reste pas moins que Simon Saulnier parvient intelligemment à redonner un nouvel élan à son horizon cinématographique dans le plan final. La Lisière lui offre ainsi l’opportunité de poursuivre sa voie sur d’autres projets, gage de la garantie et de l’assurance d’un cinéaste dotée d’une vision artistique sincère. Affaire à suivre.
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- LA LISÈRE réalisé par Simon Saulnier
- Avec : Ouidad Elma, Saïd Amadis, Samira Sédira, Cécilia Ngo, Kelly Tian, Jicey Carina…
- Scénario : Simon Saulnier, Tom Gobart
- Production : Eric Gendarme, Thomas Lubeau, Rodolphe Stamat
- Photographie : Thierry Pouget
- Montage : Virginie Seguin
- Décors : Irène Marinari
- Costumes : Agnès Béziers
- Son : Frederic Devanlay, Sébastien Ariaux, Dédric Denooz
- Musique : Alex Cortés
- Durée : 16 minutes
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